La pièce est là !
Je suis heureux de revenir vers vous avec cette nouvelle... sortie ! J’ai fait un peu de mystère autour de cette pièce, c’est vrai, mais ceux qui l’ont lue savent pourquoi (Clin d’œil). Vous excuserez cette familiarité entre parenthèses, mais j’ai récemment lu dans un post « sérieux » que les points à la fin des sms étaient source de malaise pour le réceptionnaire. Trop brutal. Du coup je me demande ce que l’effet d’un émoji mis en forme de didascalie peut provoquer chez vous ? Vous me direz...
Pour en revenir à cette promo un peu mystérieuse, je voulais préciser une chose. L’idée n’était pas de sous-entendre que le texte que je présente est d’une extraordinaire qualité ou rareté, non. Il s’agissait simplement de signifier qu’il est bon parfois d’aborder certaines œuvres sans bande annonce, sans a priori ou « spoliation » (Re-clin d’œil... mais à la pièce cette fois, rapport à cet anglicisme -spoiler- dont se sont emparés toute une catégorie de personnes dont le seul plaisir est de gâcher celui des autres...). Vous excuserez aussi, j’espère, cet émoji qui s’est transformé cette fois en digression.
Il faut parfois savoir lâcher prise, se laisser aller sans vouloir tout anticiper, tout maîtriser ; l’émotion naît aussi de l’inattendu, du nouveau, du singulier... Et lorsque les auteurs créent leurs intrigues et univers ce n’est pas seulement pour les premiers qui ont la chance de se plonger dans leurs œuvres ! Non, ils s’adressent à tous.
Et maintenant, comme je vous l’avais promis, revenons à l’élaboration de cette pièce. Si je regarde loin derrière moi, cette œuvre existe grâce à une succession de projets dont les développements ont été plus ou moins aboutis. Une des premières idées qui m'est venue, sur le même sujet, il y a désormais plus de vingt ans alors que je commençais à écrire, était une sorte de huis clos dans une gare. Le titre du film (puisqu’à cette époque je ne réfléchissais qu’en termes de cinéma) : ANNA. Voici le synopsis d’origine...
« Suite à un accident routier, à la sortie d’une gare, Anna est devenue amnésique. Après être restée quelques jours à l’hôpital, les médecins l’autorisent à sortir. Elle ne sait pas où aller. En récupérant ses affaires elle trouve une clé d’hôtel avec un numéro de chambre.
Sur le comptoir d’un hôtel cossu, un journal daté du 8 juin 1944. Anna est accueillie chaleureusement par le réceptionniste. Après un court échange affable, la jeune femme récupère une lettre déposée à son attention. Anna monte dans sa chambre, ouvre la lettre et la lit. Son cousin avec qui elle avait rendez-vous quelques jours plus tôt, le jour de son accident, s’inquiète de ne pas l’avoir vue. Il doit repartir pour la Suisse, il lui donne rendez-vous le lendemain, dans une gare.
Anna entre dans la gare surveillée par des militaires allemands. Elle erre, confuse jusqu’à ce qu’un homme avec un sac de voyage l’aborde. L’homme se présente comme étant son cousin Jean. Ils s’installent à la terrasse d’un café pour éclaircir la situation.
Jean tente de raviver la mémoire d’Anna, sans succès. La jeune femme est vraiment amnésique, Jean est troublé. Très vite, la discussion bascule et change de ton. “Cousin“ est en fait un code entre eux, sa mission consistait à passer un sac de voyage à la jeune femme. Il est suivi et n’a plus le choix. Il se lève brusquement puis disparaît, laissant Anna confuse à la terrasse du café, le sac de voyage à ses pieds.
Anna ne sait quoi faire, étudie les alentours. Elle commence à se sentir surveillée. Paniquée à l’idée de garder le sac, elle rejoint les toilettes du café pour voir ce qu’il contient. A l’intérieur, le portrait d’un homme, des photos de bijoux, des photos de tableaux et une lettre de directives.
Anna se retrouve prise dans une histoire d’espionnage et de vol de bijoux et d’œuvres d’art. Alors qu’elle tente de recouvrer la mémoire, la jeune femme traquée cherche une issue à cette intrigue, ne sachant à qui faire confiance dans la galerie de personnages troubles qui l’entoure.
Une multitude de questions vont se poser... Qui est Anna ? Qui est Jean ? Qui sont tous ces hommes à leurs trousses ? Qu’est-ce qui les lie aux bijoux et œuvres d’art ? D’ailleurs, d’où proviennent-ils et qui les récupèrera ? En fin de compte... sommes-nous réellement en 1944 ? »
En relisant ces lignes, c’est vrai, je l’avoue, il y a eu du chemin parcouru depuis ce synopsis jusqu’à la pièce. L’ensemble paraît un peu brut, confus parfois, rapide souvent! mais l’essentiel est là. Pour autant, je ne l’ai pas retouché (excepté les fautes d’orthographe !) Je trouve intéressant de garder les textes ancrés dans leur époque, ça permet à l’auteur de se replonger dans ce temps d’inspiration et surtout ça lui rappelle d’où il vient...
Bien des années plus tard, j’ai eu une discussion avec un ami autour de la trilogie de Peter Jackson, Le Seigneur des anneaux. Seul point de désaccord entre nous ? Je trouvais les scènes d’action du troisième volet trop longues, ou en tout cas trop éloignées de ce que j’aime le plus dans un film : les scènes d’exposition. J’aime quand tout se met en place, les personnages, l’intrigue, les différentes issues possibles... Vous l’aurez compris sans doute, en cours de conversation, la blague est sortie : « Tiens ! Je vais faire un film qu’avec des scènes d’exposition ! » Puis cette idée a germé un temps, car j’aime bien aller au bout de la blague, surtout quand on parle fiction. En sont sorties quelques phrases dans un cahier sur un photographe engagé pour un anniversaire de mariage et qui apprend le lendemain par un policier venu l’interroger, que le marié octogénaire est mort. Le photographe, le soir même, se plonge dans le développement des photos puis se lance dans sa propre enquête, en parallèle de la police (oui ! il y a un peu de Blow out et de Photo obsession). Après un enchaînement de scènes d’exposition, qui devaient être mises en lien avec l’exposition des photos lors des différents développements, le film se terminait avec une longue scène de résolution. J’ai laissé longtemps cette idée en suspens...
... jusqu’à ce que je tombe sur Monsieur Klein.
J’ai retrouvé avec ce film l’idée du marché d’art sous l’occupation, confus et vérolé, mais surtout comment traiter un sujet sans l’aborder ostensiblement à chaque scène. On ne peut se douter que le parcours d’un homme en quête d’effacer une erreur administrative aboutira à l’horreur que tout le monde connaît (c’est pas tout à fait ça et c’est un peu vague mais comme je suis une personne plutôt cohérente, spoiler, je m’efforce de ne pas vous gâcher l’histoire de ce film à voir absolument, surtout aujourd’hui...)
Donc voilà, vous savez tout. L’exposition est sortie d’une multitude d’inspirations, ce que j’admets sans far, contrairement à certains artistes qui pensent réinventer le monde à chacun de leurs projets. Je pense sincèrement qu’une œuvre « originale » se fait de plus en plus rare car quand on creuse un peu, on se rend compte que tout a été fait. A mon sens l’essentiel du travail d’artiste, aujourd’hui, est d’aborder son métier comme un artisan, en se nourrissant du passé pour coller au présent en imaginant le futur. Pour le reste il y a sûrement encore quelques génies qui, heureusement, seront une nouvelle source d’inspiration !
Sur ce, je vous laisse et vous dis à bientôt !
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